Yves KOUAME

Dir. A. Lauba et F. Rideau

La colonisation est une manifestation de la volonté de puissance et de la capacité d’expansion de certaines sociétés à un ou des moments de leur histoire. Ainsi les Phéniciens de l’Est de la Méditerranée ont fondé la colonie de Carthage, vers 814 av. J.-C., à l’époque archaïque (VIIIe – VIe siècles av. J.-C.), des Grecs ont essaimé des rivages du Pont-Euxin (mer Noire) aux côtes de la Péninsule Ibérique. Entre 632 et 732 les Arabes ont conquis et colonisé le nord de l’Afrique et une bonne partie de la future Espagne.
Mais le mot évoque surtout les événements des Temps modernes et de l’Époque contemporaine : des grands voyages de découverte organisés par les Européens.
Ainsi la colonisation, dans sa conception moderne, remonte à la découverte de l’Amérique, au XVIe siècle et c’est dans la deuxième moitié du XIXe siècle que l’Europe, alors en plein âge industriel, s’est partagée le monde.les puissances coloniales, la France y compris justifiaient la colonisation à partir de la supériorité du modèle européen. L’idée était à la glorification d’une civilisation européenne qui serait supérieure aux autres civilisations.
La conquête se fait dans un premier temps sans difficulté, les pays européens possédant une énorme avance technologique. De surcroît, dans les régions du monde colonisées, les États sont le plus souvent faibles et archaïques et n’ont pas la capacité de se défendre, à l’exception du Japon.
La colonisation a plusieurs objectifs. Outre le fait d’apporter la culture européenne aux peuples colonisés, elle a des visées politiques, économiques et juridiques.
Sur le plan politique, Les Européens pensent en terme d’impérialisme territorial : un pays, pour être puissant, doit dominer des territoires étendus, si possible répartis sur l’ensemble du globe. Concernant les raisons économiques, il faut dire que les colonies sont censées fournir des matières premières et représenter des débouchés pour les puissances colonisatrices.
Sur le plan juridique La domination coloniale prend plusieurs formes juridiques. On distingue les protectorats, l’administration directe, l’administration indirecte et plus tard les mandats.
La présence coloniale, il est clair, bouscule, bouleverse, entre en conflit avec les mœurs, la culture locale. Le troc, système économique qui décrit l’échange d’un bien contre un autre, est aboli. Les colons découragent les modes d’existence communautaires. Le système scolaire est utilisé à des fins coloniales, l’éducation représentant un moyen efficace d’inculquer le mode de pensée européen. Le système économique colonial favorise l’émergence de nouvelles classes sociales : une bourgeoisie relativement aisée et éduquée, ainsi qu’une classe ouvrière.
Comme on le voit, le système colonial bouscule de fond en comble les habitudes, la culture locale.
Notre étude essaiera d’observer les bouleversements de ce système sur les institutions ivoiriennes. Pour ce faire nous analyserons l’impact de la colonisation sur la chefferie, les religions, l’économie, l’éducation des peuples locaux. Quels ont été les institutions qui ont résistées ? Et quelles sont celles qui ont été vaincues et par quelles méthodes ?
L’intérêt de cette étude est d’apprécier à l’heure actuelle les avantages mais aussi les inconvénients du système colonial Français sur les institutions étudiées. Il s’agira de dresser le bilan juridique et institutionnel de la colonisation Française en Côte d’Ivoire.