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L’auteur de ce courrier, Tran-Vân-Co, conseiller municipal de Haiphong, souhaite présenter aux autorités française un projet de réforme de l’enseignement français dans les protectorats de l’Annam et du Tonkin.
Si son courrier est bien transféré du gouvernement général à la résidence supérieur au Tonkin, il ne semble pas avoir connu de suite.
Il est conservé, ainsi qu’une lettre du même auteur de l’année suivante et aux propositions identiques, dans les fonds de la résidence supérieure du Tonkin, nouveau fonds, RSTNF 3574, aux Archives nationales d’Outre-Mer.
Monsieur le Gouverneur Général,
J’ai l’honneur de vous faire connaitre qu’il n’existe pas d’école de français dans tous les contours du Protectorat de l’Annam et du Tonkin. Il n’y en a seulement dans les provinces mais qui ne comptent que peu d’élèves annamites. Les enfants dont les demeures sont proches de l’école, par exemple d’une heure de marche, peuvent fréquenter l’établissement, tandis que les enfants dont les demeures se trouvent loin de 2 ou 3 heures de marches ne peuvent pas y assister. Les parents seraient désireux de faire instruire leurs enfants, mais la distance les empêche.
Dans mes précédents rapports, j’ai eu l’honneur de vous rappeler que les employés ou lettrés en service dans les divers bureaux des mandarins sont trop nombreux et que le travail est tout à fait insuffisant, ainsi le Gouvernement est obligé de payer leur solde et de les exempter de l’impôt.
En supprimant la moitié de ces employés le Gouvernement réaliserait un excédent qui pourrait servir à nommer des interprètes faisant fonction d’instituteur de sorte que l’enseignement se répandrait dans le pays ce qui serait très utiles pour l’avenir.
Le Protectorat de l’Annam et du Tonkin compte à peu près 1552 cantons ; le Gouvernement ferait bien d’établir une école française dirigée par un interprète dans chaque canton comme en Cochinchine. La solde allouée à tous les instituteurs indigènes du Protectorat de l’Annam et du Tonkin sera moins élevée que celle des autres instituteurs en Cochinchine.
Voici la solde des instituteurs cantonaux de l’Annam et du Tonkin divisées en 6 classes comme suit :
Instituteur cantonal de 1ère classe | 20 piastres par mois |
Instituteur cantonal de 2ème classe | 16 piastres par mois |
Instituteur cantonal de 3ème classe | 13 piastres par mois |
Instituteur cantonal de 4ème classe | 10 piastres par mois |
Instituteur cantonal de 5ème classe | 8 piastres par mois |
Instituteur cantonal de 6ème classe | 6 piastres par mois |
Comme chaque canton compte à peu près 10 villages, chaque village 150 enfants environ, en moyenne un village peut envoyer à l’école 10 enfants ce qui ferait 100 élèves. Commentaire à la main d’un tiers : « en admettant 1500 écoles avec un instituteur cantonal à 6 piastres par mois la dépense serait de 108000 piastres par an ».
Tous les ans les élèves viendront au chef-lieu de la province pour passer l’examen ceux qui le subiront avec succès seront envoyés à l’école primaire de la province où ils recevront les leçons des instituteurs français, tandis que ceux qui auront échoué reviendront à l’école cantonale pour continuer leur instruction et se représenteront l’année suivante. Commentaire à la main d’un tiers à propos du nombre d’élèves à rassembler : « 600 village, 100 élèves, 60000 ? »
Les directeurs de toutes les écoles françaises de province devront envoyer tous les ans leurs élèves les mieux notés à la résidence supérieure à Hanoi pour passer l’examen des secrétaires interprètes auxiliaires de 4ème classe des résidences.
Comme toutes les provinces ont un directeur français, il faut que ce directeur visite une fois par mois l’école cantonale pour encourager les élèves à travailler et pour forcer l’instituteur indigène à leur donner des leçons utiles.
A présent tous les élèves provinciaux ont des élèves capables ( ?), le résident et le directeur de l’école de la province les feront passer un examen pour les nommer instituteurs cantonaux pour les envoyer dans tous les cantons.
Les instituteurs attachés dans toutes les écoles des provinces se divisent en 10 classes comme les interprètes et lettrés des résidences nommés par le résident supérieur et dont la solde est la suivante
Instituteur titulaires de 1ère classe | 625 piastres par an |
Instituteur titulaires de 2ème classe | 562 piastres par an |
Instituteur titulaires de 3ème classe | 500 piastres par an |
Instituteur titulaires de 4ème classe | 437 piastres par an |
Instituteur titulaires de 5ème classe | 375 piastres par an |
Instituteur titulaires de 6ème classe | 325 piastres par an |
Instituteur auxiliaires de 1ère classe | 275 piastres par an |
Instituteur auxiliaires de 2ème classe | 237 piastres par an |
Instituteur auxiliaires de 3ème classe | 200 piastres par an |
Instituteur auxiliaires de 4ème classe | 157 piastres par an |
Tandis que la solde à allouer aux instituteurs cantonaux sera moindre comme je l’ai dit plus haut, ils seront nommés par le résident chef de province.
Les habitants qui ont des enfants à envoyer à l’école devront payer les frais classiques à 30 centimes de piastres par enfant et par mois.
Si une école à 100 élèves il y aura une somme de 30 piastres que l’instituteur ramassera chaque mois pour envoyer au résident qui achètera les fournitures classiques.
Si le gouvernement accepte ma proposition, je crois que l’enseignement ainsi propagé donnera de meilleurs résultats à l’avenir tant pour le protectorat que pour les habitants et pour l’influence française.
Les élèves qui suivront avec succès les leçons données par les instituteurs deviendront secrétaires interprètes ou instituteurs tandis que ceux qui ne profiteront pas pourront faire de bons tirailleurs, miliciens, etc… et comme ils savent un peu de français il sera très commode pour le gouvernement et encore ceux qui ne voudront pas servir comme interprète ou instituteur et voulant servir dans les bureaux des mandarins deviendront de meilleurs auxiliaires entre l’administration française et annamite.
Je vous prie d’agréer, monsieur le gouverneur général, l’hommage de mon profond respect et de mon entier dévouement.
L’auteur adressera une lettre largement similaire l’année suivante au résident supérieur au Tonkin afin de le relancer : Lettre n°140 du 11 juin 1898 de Trân-Vân-Lo, ancien conseiller municipal de Haiphong à Monsieur le gouverneur général de l’Indo-chine (RSTNF 3574).