Les territoires militaires sont constitués des provinces frontalières du Tonkin avec la Chine. Si leur gestion quotidienne est assurée par les militaires, ceux-ci rendent régulièrement des comptes au résident supérieur au Tonkin.

Les deux documents ci-dessous illustrent ces rapports concernant les questions d’éducations. Ils sont conservés à la côte RSTNF 3574 aux Archives Nationales d’Outre-Mer (ANOM).

Mon Colonel,

J’ai l’honneur de vous rendre compte que l’école franco-indigène à Langson aurait besoin d’être réorganisée pour donner de bons résultats.

Actuellement cette école, fréquentée par 50 (partiellement effacé, 30 ?) enfants, est dirigée par une instituteur indigène de 6^ème classe du service de l’enseignement, qui seul pour une classe nombreuse, se borne à enseigner aux élèves la lecture et l’écriture du français.

Cet instituteur, qui a un moment donné, a dû posséder les connaissances suffisantes en français et en éléments de calcul, d’histoire et de géographie a perdu beaucoup depuis un an. Livré à lui-même, il professe son cours surtout en annamite, ne parle plus suffisamment le français et a totalement oublié les autres matières.

Dans ces conditions les résultats obtenus sont insuffisants et certains élèves fréquentant l’école depuis deux ou trois ans ne sont guère plus avancés qu’ils ne l’étaient au bout de la première année. A part trois ou quatre enfants ayant appris à parler le français en dehors de l’école, les élèves n’apprennent qu’à lire et à faire des copies, le tout sans comprendre.

Il serait à désirer, mon Colonel,

1° que l’instituteur et l’école soient placés, par Monsieur le Directeur de l’Enseignement, sous les ordres du Cercle, qui pourrait alors, étant donné les éléments dont il dispose, faire prospérer cette institution qui menace de péricliter dans les conditions actuelles.

2° qu’un grade européen sérieux et muni du brevet de capacité pour l’enseignement primaire, soit détaché à l’école, comme cela existe pour Dong Dang, Na Cham et That-Khé.

Il y a lieu de constater que l’école franco-indigène de Langson qui devrait être la plus florissante de la région est grâce au régime particulier auquel elle est soumise, de toutes les écoles du Cercle celle qui donne au contraire les résultats les moins satisfaisants.

Les propositions du chef de bataillon commandant le cercle auraient pour effet de faire progresser cette institution comme il convient et de lui donner tout le développement qu’elle devrait avoir. Aussi je les appuie très favorablement.

Le chef de l’enseignement au Tonkin informera dans une lettre du 7 décembre 1897 (RSTNF 3574) le résident supérieur au Tonkin que les militaires ont fait la proposition d’assurer le contrôle de l’enseignement délivré par l’enseignant, en complément de la direction de l’enseignement, et d’y adjoindre un enseignant militaire. Le résident supérieur au Tonkin acceptera ces propositions dans une lettre du 11 décembre 1897 adressée au Commandant du 1^er territoire militaire (RSTNF 3574).