Notice

La réglementation de l’enseignement privé inquiète les missionnaires catholiques qui dirigent une part importante des écoles en AEF.

En 1938, ces préoccupations portent essentiellement sur le décret du 31 janvier 1938 portant réglementation de l’enseignement privé en AEF (JORF, 4 février 1938, p. 1439 rectifié au JORF, 2 mars 1938, p.2458).

La lettre reproduite ci-dessous est conservée dans les fonds du gouvernement général de l’Afrique Équatoriale Française, GG AEF 5D 27, aux Archives Nationales d’Outre-Mer (ANOM).

Lettre n°515 du 11 avril 1938 du ministre des Affaires étrangères au ministre des Colonies, GG AEF 5D 27

Certains religieux appartenant à des congrégations missionnaires ont fait part à notre ambassadeur au Vatican des préoccupations que cause à leurs confrères des missions en Afrique équatoriale française le décret de votre département réglementant l’enseignement privé dans ce territoire (décret paru au Journal Officiel du 31 janvier).

La nouvelle réglementation mettrait, selon eux, de nombreuses entraves à cet enseignement, qui, disent-ils est tout entier assuré par un personnage religieux. Ils trouveraient peu justifiées, sinon l’exigence d’une autorisation d’ouverture des écoles privées, du moins les dispositions qui excluent totalement l’emploi des langues du pays, imposent des programmes trop chargés et trop au-dessus des intelligences des jeunes indigènes, enfin celles qui exigent des maîtres et des maîtresses des diplômes comme dans les écoles de la mère-patrie.

Ces prescriptions sont considérées par les intéressés comme préjudiciables, non seulement aux intérêts des missions et à la propagande catholique, mais encore à la cause de l’enseignement du français, de la culture et de la civilisation française en A.E.F, car, à ce qu’ils prétendent les écoles officielles étant, dans cet immense pays, en nombre très restreint, ce sont les écoles confessionnelles qui assument presque toute la charge de l’instruction et de l’éducation de la jeunesse indigène. Ils assurent que si l’œuvre de ces écoles est contrariée, ou rendue impossible il n’y aura pas que les missions catholiques à en pâtir, la mission civilisatrice de la France en souffrirait aussi.

Je crois devoir vous transmettre ces observations dont je ne suis pas à même d’apprécier le bien fondé. Ni la Secrétairerie d’État, ni la Congrégation de la Propagande n’ont d’ailleurs jusqu’à ce jour, formulé d’objections à notre ambassadeur auprès du Saint-Siège à propos du décret ainsi visé. Mais pour le cas où elles feraient une démarche auprès de M. Charles ROUX, j’attacherais de l’intérêt à ce que notre ambassadeur fût en mesure de pouvoir y répondre.

Je vous serais donc obligé de bien vouloir me faire connaître le plus tôt possible, les arguments qui vous paraissent pouvoir être produits en la circonstance.