Le rapport présenté ci-dessous présente deux intérêts. Premièrement, il résume en quelques lignes le rôle et la gestion de l’éducation en A.E.F pour l’administration française. Deuxièmement, il permet d’étudier le programme applicable dans les écoles, dont celui ici reproduit concernant les cours de morale.

Ce document est conservé à la côte GG AEF 5D 27 aux Archives Nationales d’Outre-Mer (ANOM).

Rapport sur la situation de l’enseignement public et privé

en

A.E.F

pendant l’année scolaire 1928-1929.

Au stade actuel du développement de l’A.E.F correspond une politique scolaire d’adaptation prudente et avertie. Nous avons exposé cette politique dans notre rapport de l’an dernier ; elle ne saurait varier pendant quelques années encore.

L’Afrique Équatoriale Française est en voie de réorganisation, dans le domaine de l’enseignement comme en d’autres domaines. Il importe d’appeler dans nos écoles le plus grand nombre possible d’enfants. A tous nous entendons réserver quelques rudiments d’instruction ; à l’élite, seule, des connaissances plus étendues et plus variées.

D’un mot, la masse devra être « dégrossie » et rendue assez tôt aux occupations familiales. La colonie gardera, ainsi, ses producteurs de demain, sans aucun risque de les déclasser. Seuls, les sujets présentant des garanties d’intelligence et de moralité devront accéder à une instruction générale et professionnelle plus élevée. Ceux-ci formeront les cadres indigènes de l’Administration ou de l’industrie privée, aptes à être utilisés, sous la conduite de chefs européens.

Tout en gardant à l’école sa vertu éducative, l’instruction ainsi acquise aura un caractère franchement utilitaire. D’autre part, l’indigène deviendra plus apte à assurer et à améliorer son propre bien-être ; et, d’autre part, il sera en mesure de collaborer à l’œuvre de civilisation que nous poursuivons.

***

**         **

Nous donnons, ci-après, la situation de l’Enseignement public et privé de la Colonie, à la date du 1^er octobre 1929. […]

Programme

1° – ECOLE DE VILLAGE

A – Cours préparatoire 1° section

MORALE

Enseignement concret et ne comportant pas de leçon proprement dit. Se borner à inculquer aux enfants de bonnes habitudes : propreté, ordre, goût, exactitude, politesse, respect, obéissance, franchise. Ces conseils seront donnés en toute circonstance.

[…]

B – Cours préparatoire – 2° section

[…]

MORALE

Voir 1° section du Cours préparatoire

[…]

« ECOLES » URBAINES ET REGIONALES

1° – Cours élémentaire 1° année

MORALE

Voir le programme des écoles de village.

[…]

2° Cours élémentaire 2° Année.-

MORALE

Même programme qu’au cours élémentaire 1° année – Y ajouter quelques récits familier – Commenter les actes de la vie scolaire et familiale.

[…]

3° Cours moyen 1° Année.

MORALE

Mêmes principes qu’aux cours précédents. Profiter de tous les faits de la vie scolaire et familiale pour faire comprendre les principes moraux relatifs à la tempérance, l’amour du travail, la sincérité, la franchise, la modestie, le courage, l’affection, le respect, la reconnaissance, la bonté, la solidarité, la tolérance.

[…]

4° Cours moyen 2° Année

MORALE – RECITATION

Voir cours moyen 1° année.

CONCLUSION

L’enseignement en A.E.F ne s’est pas accru de manière très sensible pendant l’année écoulée ; nous avons manqué, à la fois, de personnel européen et de personnel indigène.

Néanmoins, il y a eu progrès incontestable ; si ce progrès n’est pas très accusé, quant à l’étendu, il l’est, tout au moins, en profondeur, si l’on peut dire.

Les programmes ont été mieux étudiés, plus approfondis ; l’adaptation au milieu et aux possibilités actuelles de l’enfant indigène a été réalisée de manière assez heureuse : nos instituteurs, en ce domaine, sont presque au point. Au total et en dernière analyse, nous pouvons affirmer que notre enseignement est pratique et profitable.

Une impulsion nouvelle, un état d’esprit nouveau ont vu le jour et il ne nous reste qu’à souhaiter que nos moyens de tout ordre puissent s’accroître en mesure de notre ferme volonté de poursuivre, de manière rationnelle et prudente, dans ce pays neuf en voie d’aménagement et d’avenir, une politique de progrès et d’émancipation.