Que recherchez-vous ?
Un contenu sur ce site
Une personne sur l'annuaire
Une formation sur le catalogue
Un contenu sur ce site
Une personne sur l'annuaire
Une formation sur le catalogue
L’Afrique Occidentale Française est constituée entre 1895 et 1958 des actuelles Mauritanie, Sénégal, Mali (Soudan Français), Guinée, Côte d’Ivoire, Niger, Burkina Faso (Haute-Volta) et Bénin (Dahomey).
L’administration française en Afrique Occidentale Française se montre particulièrement soucieuse d’offrir une scolarisation adaptée aux fils de chefs.
Il s’agit à la fois de former de futurs dirigeants efficaces que d’assurer leur reconnaissance, si ce n’est leur obéissance, envers la France.
Les documents reproduits à la suite sont conservés aux Archives Nationales d’Outre-Mer à la cote 14 mi 2116.
Pour aller plus loin :
Sources disponibles sur internet :
J’ai l’honneur de vous accuser réception de votre circulaire n°279 bis AP/2 du 11 octobre 1929 et de la circulaire C.D.10 du 9 octobre de M. le ministre des Colonies, concernant le commandement indigène.
Ces documents ont été de ma part l’objet de la plus grande attention. Dans ce pays en effet plus peut être que dans le reste de la fédération, où une grande majorité des éléments constitutifs de la société est encore faible et arriérée, on sent la nécessité d’un encadrement solide et souple à la fois.
Or, si cet encadrement solide, qui est le fruit d’une hiérarchie fortement établie, existe dans presque tous les groupements de la Colonie, si en raison de cette hiérarchie, les chefs peuvent être recrutés ici par la seule voie d’hérédité, si dans l’ensemble, ainsi qu’il a été dit dans le rapport politique de 1928, les chefs indigènes se sont montrés à la hauteur de la tâche, il n’en est pas moins vrai que cet instrument manque de souplesse entre les mains de l’autorité pour la raison qu’ils sont presque tous illettrés.
Sur 19 chefs de province que compte la Colonie 3 seulement sont instruits, comprend et parle un peu le français et sur les 435 chefs de canton deux ou trois à peine comprennent et parlent le français.
En ce qui concerne les chefs eux-mêmes on ne saurait songer à leur faire donner une instruction quelconque, on se heurte là à des difficultés trop considérables. Mais tout autre est la question d’instruire les futurs chefs, les jeunes hommes appelés à recueillir un jour la succession de leurs pères.
Cette question n’a pas été perdue de vue. Les chefs ont été constamment poussés par les commandants de cercle et les chefs de subdivision à envoyer leurs enfants à l’école. Malgré les résistances rencontrées, nous pouvons dire que les résultats obtenus à ce jour sont de nature à apaiser toutes nos inquiétudes au sujet de l’avenir, puisqu’il ressort du tableau ci-joint que 671 fils de chefs parmi lesquels 52 fils de chefs de province et 342 fils de chefs de canton, fréquentent nos écoles.
Il ne faut pas oublier en effet que nos cadres d’instituteurs indigènes sont encore assez réduits et que nous avons du concentré nos efforts dans les centres au point de vue écoles. La clientèle scolaire de fils de chefs augmentera progressivement sans difficulté au fur et à mesure que s’ouvriront des écoles préparatoires dans les chefs-lieux de cantons.
Quoiqu’il en soit, je suis tout à fait convaincue que pour préparer les futurs chefs et particulièrement ceux de province et de canton à leur rôle, les études dans nos écoles primaires ne suffisent pas et qu’il faut en plus leur donner une formation spéciale dans une école appropriée. Je fais étudier en ce moment, les moyens de créer une école de fils de chefs, fonctionnant sur le modèle de celle de Saint-Louis. En attendant que cette création puisse être réalisée, j’envisage les mesures suivantes :
En ce qui concerne les moyens d’existence et les garanties à accorder aux chefs indigènes, la nécessité de les augmenter avait nettement apparu au gouvernement local. […]
Ainsi donc au point de vue du recrutement il nous est possible de nous appuyer sur la tradition. Un recrutement en dehors de l’hérédité n’est pas à craindre. Et l’ensemble de mesures que j’envisage pour élever petit à petit le niveau d’instruction des futurs chefs tend, en assurant leur évolution, à faire garder aux familles régnantes leurs prérogatives actuelles. En ce qui concerne la situation matérielle des chefs, des efforts constants ont été faits, ils seront poursuivis. Et le regroupement envisagé des cantons sans importance contribuera à améliorer cette situation. […].
[Fin sans rapport.]
État faisant ressortir le nombre de fils de chefs fréquentant nos écoles (février 1930) | |||||
Cercles | Fils de chefs de province | Fils de chefs de canton | Fils de chefs de village | Total | Observations
|
Ougadougou | 23 | 79 | 58 | 160 | Dont 1 fils du Morho-Naba |
Bobo-Dioulasso | – | 51 | 46 | 97 | |
Dédougou | – | 20 | 56 | 75 | |
Gaoua | – | 20 | 14 | 34 | |
Batié | – | 1 | 1 | 2 | |
Koudougou | – | 30 | 4 | 34 | |
Ouahigouya | 13 | 32 | 25 | 70 | |
Kaya | 2 | 15 | 21 | 38 | |
Tenkodogo | 13 | 53 | 23 | 89 | |
Fa-da | – | 17 | 12 | 29 | |
Dori | – | – | 3 | 3 | |
École primaire supérieure de Ouagadougou | 1 | 18 | 7 | 26 | |
École professionnelle de Ouagadougou | – | 6 | 7 | 13 | |
Total | 52 | 342 | 277 | 671 |
J’ai l’honneur de vous accuser réception de votre lettre, n°D.139 AP en date du 27 février dernier, relative au commandement indigène. Cet intéressant compte-rendu m’a procuré la satisfaction de constater que les efforts entrepris dans votre colonie pour l’amélioration des cadres indigènes d’autorité, répondent exactement aux vues du département et aux directives que j’ai moi-même précisées.
J’ai pris bonne note de votre intention d’améliorer encore la situation matérielle et morale des chefs et de créer pour leur fils, dans un avenir prochain un établissement scolaire approprié.
[Fin sans rapport.]
Par télégramme 524 BP du 11 décembre 1929 je vous ai prié de m’adresser vos propositions en vue de la réorganisation du commandement indigène.
Quand nous aurons reçu toutes les réponses des administrateurs nous procéderons à la réforme projetée, progressivement, en commençant par les cercles où elle est plus facilement réalisable et en continuant ensuite par les autres cercles. Ainsi, apporterons-nous le moins de trouble possible dans les tribus.
Mais le gouverneur général veut d’ores et déjà voir « se réaliser » sans délai un enseignement méthodique destiné aux « futurs cadres du commandement indigènes »
Ceux qui sont appelés à bénéficier de cet enseignement sont, suivant les coutumes successorales en vigueur à la Colonie, soit les fils, soit les neveux, des chefs. Ces enfants sont appelés à remplir plus tard les fonctions de chef, doivent être préparés à les exercer avec compétence et autorité. Il faut donc leur donner, à cet effet, une instruction et une éducation qui les élèvent au-dessus de la masse et leur permettent d’imposer considération et respect, aux évolués eux-mêmes.
L’article 5 de l’arrêté général du 1er mai 1924 a rendu obligatoire pour les fils de chef, la fréquentation de l’école préparatoire.
Cependant le gouverneur général préconise en leur faveur la formation suivante, adaptée à l’importance de leur rôle futur :
Tout d’abord, l’instruction primaire sera donnée à l’école régionale qui existe actuellement dans presque tous les chefs-lieux de cercle de la Colonie. Trois des cinq ou six cercles qui ne l’ont pas encore en seront dotés en 1931.
Je vous prie donc de faire suivre dès maintenant obligatoire les cours de cette école ou, si elle n’existe pas, de l’école préparatoire, aux fils et neveux des chefs appelés à exercer le commandement en vertu de la nouvelle organisation projetée.
Les autres enfants, héritiers de chefs importants devront, eux-être envoyés à l’école du poste.
L’entrée à l’école des fils de chefs, sera préservée aux futurs successeurs des chefs de canton.
Vous me ferez connaître d’urgence, d’après le nombre des fils ou neveux de chef de canton à admettre à l’école régionale, les crédits qui vous seront nécessaires pour leur entretien pendant l’année. Nous devons, en effet, aux termes de la circulaire du gouverneur général en date du 1er mai 1924 entretenir les élèves qui quittent leur village pour suivre les cours d’une école. Mais comme il n’y a pas d’internat, vous les confierez à un répondant, choisi parmi les représentants de leur canton, qui recevra une bourse familiale dont le taux doit être fixé conformément au prix de la vie dans la localité. Cette bourse n’est pas du aux élèves qui ne se déplacent pas.
Vous m’adresserez, d’ores et déjà, puis à la fin de chaque semestre, pour chaque enfant de l’école régionale, futur successeur de chef de canton, une fiche établie d’après le modèle ci-joint. Il vous appartiendra de veiller à ce que ces enfants soient bien élevés à tous points de vue.
Quand à l’enseignement primaire supérieur, il pourra être donné pour le moment à l’école primaire supérieure de Bingerville, où nous formeront une section. C’est d’ailleurs à Bingerville que sera installée l’école des fils de chefs quand, le siège du Gouvernement de la colonie ayant été transféré à Abidjan, nous pourrons disposer des locaux voulus pour loger les enfants.
Bingerville, est, en effet, le point le plus qualifié pour l’installation de l’école en question. Les fils de chef profiteront des organisations qui existent déjà : École urbaine et Station d’essai de l’agriculture ; ils pourront suivre des cours communs avec les enfants qui se préparent à certains emplois des cadres locaux ou à certaines écoles.
D’autre part, les conditions sanitaires y sont excellentes.
Enfin, à Bingerville, bientôt délivrée de la plèbe indésirable de Bagba et de quelques évolués prétentieux, les jeunes gens ne pourront pas subir l’influence des mauvaises fréquentations.
Je vous prie de me faire connaître les noms des fils ou neveux de chefs de canton qui fréquentant déjà l’Ecole régionale, seraient aptes à entrer dans la section des fils de chef laquelle sera créée à l’école primaire supérieure de Bingerville.
Le lieutenant-gouverneur,
Lapalud.