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Comment scolariser les élèves éloignés des grands centres urbains ?
Les documents reproduits sont conservés aux Archives nationales d’Outre-Mer à la cote 81 F 1719.
Le conseil général,
Considérant qu’il existe dans les campagnes algériennes éloignées de tout centre un grand nombre d’enfants qui ne peuvent bénéficier de l’instruction primaire.
Considérant qu’il importe de fournir à ces enfants l’instruction qui leur est nécessaire, alors qu’elle demeure un véritable luxe que leurs parents ne peuvent leur fournir ;
Demande instamment que les internats primaires soient créés dans les chefs-lieux de canton des hauts plateaux afin de dispenser à ces enfants l’instruction à laquelle ils ont légitimement droit.
Dans sa séance du 27 octobre dernier, le Conseil général d’Oran a émis le vœu que des internats primaires soient créés dans les chefs-lieux de canton des hauts-plateaux pour recevoir les enfants des familles qui habitent en dehors des agglomérations.
Ce n’est pas la première fois que ce vœu est formulé. En 1932, notamment, M. Muller, délégué financier d’Alger, l’avait présenté aux assemblées financières algériennes et fait adopter. J’ai étudié la question ainsi posée dans un rapport que je vous ai adressé le 8 août 1932 sous le n°1330 et dont je vous fais parvenir ci-joint copie ; car ma manière de voir n’a point changé.
Depuis, aucun internat primaire n’a été organisé ; mais vous avez bien voulu faire ajouter au budget de l’Algérie, section VIII, Colonisation un nouveau chapitre ainsi libellé :
« Subvention aux communes pour hébergement des enfants de colons nécessiteux et ouvriers agricoles habitant des centres de colonisation éloignés d’au moins 10 km de l’école, la Commune devant participer à al dépense à concurrence d’un minimum de 25% ».
Ce chapitre est doté pour 1936 d’un crédit de 15000 francs. Il ne semble pas avoir été utilisé jusqu’à présent. C’est la raison pour laquelle, je pense, il a été réduit pour 1937 à 8000 francs. Je viens d’attirer l’attention des inspecteurs d’académie sur cette possibilité d’aide aux enfants éloignés des écoles, pour qu’ils la signalent aux parents qu’elle peut intéresser.
A la séance du 4 décembre 1931 de la Délégation des Non Colons et à l’Assemblée plénière (séance du 19 décembre 1931, soir), M. Muller, délégué financier, maire de Marengo (Alger), a émis le vœu que des pensionnats soient organisés auprès d’écoles primaires élémentaires, pour recevoir les enfants de « famille habitant en dehors des agglomérations » et permettre ainsi à ces enfants de suivre « les cours complémentaires, supérieurs et autres des écoles primaires ».
C’est aux écoles primaires pourvues de Cours complémentaires que l’on a d’abord songé. Avec des moyens plus réduits, les Cours complémentaires dispensent à peu près le même enseignement que les écoles primaires supérieures. Leurs élèves se présentent au brevet élémentaire, à l’école normale primaire, comme ceux des écoles primaires supérieures et y sont reçus comme eux. Mais, destinés, comme l’école primaire elle-même, aux enfants qui résident dans la localité ou à proximité, les cours complémentaires ne reçoivent, en règle générale, que des externes. Les élèves que leurs familles veulent mettre en pension vont à l’école primaire supérieure, sinon au collège ou au lycée. Il y a actuellement, en Algérie, 24 écoles primaires supérieures. Dans quelques années, lorsque les programmes de constructions scolaires en cours d’exécutions seront réalisés, il y en aura 33 : 20 pour les garçons, 13 pour les filles, toutes avec internat sauf celle d’Alger-Ville. C’est dire que déjà – et à plus forte raison à ce moment-là – toutes les régions de l’Algérie du Nord ont au moins une école primaire supérieure de garçons et, la plupart, une école primaire supérieure de filles, où les parents qui n’habitent pas les villes dotées de ces écoles peuvent mettre en pension leurs enfants.
Y a-t-il lieu dans ces conditions de créer d’autres internats auprès des Cours complémentaires ? « Cette création n’est point souhaitable », répond M. l’inspecteur d’académie d’Alger, que j’ai consulté ainsi que ses collègues […]
[Manque une page].
Aussi bien l’auteur du vœu et ceux qui l’ont signé avec lui n’ont-ils pas eu en vue exclusivement ces cours. Ils visent avec raisons les « autres » cours des écoles primaires. C’est pour ces autres cours en effet c’est-à-dire pour l’enseignement primaire élémentaire (cours préparatoire, cours élémentaire, cours moyen) et non pour l’enseignement primaire supérieur (cours complémentaires et EPS) que les « familles habitant en dehors des agglomérations » peuvent être embarrassées. Celles qui ont des ressources suffisantes tranchent la difficulté en mettant leurs enfants en pension dans les collèges ou les lycées (il y a des classes primaires dans tous les lycées et collèges) ou dans des institutions privées. Les autres les placent ordinairement chez des parents dans une localité pourvue d’une école. Mais ce n’est pas toujours possible. C’est pour cette catégorie de familles peu fortunées, colons, ouvriers agricoles, gardes forestiers, cheminots éparpillés dans de petites gares, que des internats primaires seraient justifiés.
Comment concevoir ces internats ? Évidemment de manière très modeste. Chacun d’eux ne recevrait que peu d’enfants, trois, quatre, cinq, une dizaine au plus. L’installation et le fonctionnement devraient en conserver un caractère tout familial. Il a existé un internat de ce genre, à l’école de filles de Dijdjelli : la directrice, qui était célibataire, logeait ses petites pensionnaires dans les pièces mêmes de son appartement. Ce cas peut se présenter encore ; quelques aussi il y aura dans l’école un logement inoccupé (ménage d’instituteurs, par exemple, pourvu de deux appartements), ou bien la commune disposera de locaux en dehors de l’école. On peut prévoir des améngaements, la fourniture de mobiliers ; mais je ne crois pas qu’il faille dès à présent admettre la construction d’immeubles faits exprès ; il ne faudrait s’y décider qu’après une expérience assez longue. Pour la nourriture, l’organisation des cantines scolaires pourra parfois être utilisée, sans que ce soit cependant posé en règle. Le directeur – ou la directrice – de cet internat sera, selon les cas, le directeur ou la directrice de l’école, ou un instituteur ou une institutrice, ou une personne étrangère à l’enseignement et désignée par la municipalité. Car – et j’insiste sur ce point – ces petites institutions doivent être essentiellement municipales, non point parce qu’elles profiteront par les élèves et les visites de leurs parents au commerce de la localité, mais parce qu’il est indispensable que les municipalités, seules à même d’en contrôler chaque jour le fonctionnement, veuillent bien s’y intéresser.
Où les placer ? J’ai dit plus haut pour quelles raisons il ne fallait pas lier obligatoirement ces internats aux cours complémentaires. Dès lors, beaucoup de localités peuvent y prétendre. M. l’inspecteur d’académie d’Alger signale Burdeau ; celui de Constantine, Aïn Beïda, Batna (pour les filles seulement), Bougie (pour les filles aussi), Djidjelli, M’Sila entre autres ; celui d’Oran, Saïda. J’estime qu’il ne faut tenter l’essai que là où les municipalités le demanderont formellement, en présentant des propositions précises pour l’installation et pour le fonctionnement. Ces propositions seront étudiées, la situation locale et surtout régionale examinée ; vous prendrez ensuite la décision. Si des dépenses de premier établissement sinon ensuite de fonctionnement sont à envisager, puisqu’il s’agit d’institutions auxiliaires de l’école, des subventions pourront être accordées sur le budget de l’Algérie.