Que recherchez-vous ?
Un contenu sur ce site
Une personne sur l'annuaire
Une formation sur le catalogue
Un contenu sur ce site
Une personne sur l'annuaire
Une formation sur le catalogue
Face aux problématiques de la jeunesse algérienne, le Général Salan, délégué général du gouvernement et commandant en chef des forces en Algérie, propose la création d’un service central de la jeunesse.
Le document est conservé aux Archives Nationales d’Outre-Mer à la cote 81 F 534.
Tous les ans, en Algérie une vague de 105 000 garçons, Européens et Musulmans, sur lesquels un cinquième environ ont été scolarisés, arrive à l’âge postscolaire. La plupart d’entre eux, soit 80 000 environ, sont d’origine rurale.
Voici les différents procédés de formation actuellement à leur disposition avec la capacité d’absorption annuelle de chacun d’eux :
Ceux-ci ont été crées à la fin de l’année 1955. Ils ont essentiellement pour but de donner une éducation de base à tous les éléments d’une communauté n’ayant pas bénéficié ou ne bénéficiant pas de scolarisation, et comportent, en particulier, des classes de désanalphabétisation.
Elle s’adresse, en principe, aux adultes mais accepte un certain nombre de jeunes. Elle est normalement précédée d’une préparation assurée dans les sections de préformation.
Ce sont, entre autres, l’organisation rationnelle du Travail (ORT), les centres des Pères blancs, Moissons nouvelles, etc…
Ainsi, au total, sur ces 105 000 garçons, 25 seulement peuvent entrer dans un système qui leur donnera une formation professionnelle.
Si l’on admet, en outre, que 20 000 des jeunes, essentiellement ruraux, restent dans un cadre familial leur assurant une formation convenable, c’est donc une masse approximative annuelle de 60 000 jeunes qui ne reçoit pas de formation à l’âge postscolaire.
La conjoncture politique actuelle, l’accroissement démographique, la faiblesse du développement économique, l’insuffisance de la formation professionnelle, ont pour conséquence un chômage d’autant plus alarmant qu’il frappe les jeunes, alors que ceux-ci devraient voir la vie s’ouvrir devant eux, pleine de promesses.
De ce fait, nous ne pouvons qu’assister, sans avoir les moyens de nous y opposer, à la prise de possession grave et désolante du meilleur de la jeunesse musulmane par des mouvements subversifs, compromettant ainsi tout espoir de fusion à l’intérieur même du territoire algérien.
Parmi les problèmes auxquels une solution, même onéreuse, doit être apportée, j’inscris en première urgence celui de cette jeunesse, car tous les autres en dépendent.
*
* *
Pour pallier l’insuffisance des moyens de formation existants, il a été établi, selon mes directives :
Étant donné que chaque foyer s’adresse normalement à 100 jeunes, et en supposant qu’un garçon fréquente le foyer en moyenne pendant deux ans, ce sera donc une masse de 50 000 jeunes qui pourront, chaque année, entrer dans ces foyers.
Ils sont destinés à adapter les jeunes ayant été scolarisés à la transition entre leurs conditions de vie sociale actuelle et celle qui les attend dans la vie moderne. Ils se transformeront le soir en « foyers de jeunes », destinés à élever le niveau physique et culturel de leurs adhérents.
Ces chantiers s’adressent à la jeunesse rurale oisive d’âge postscolaire. Les jeunes y recevront, pendant un an environ, une formation humaine et préprofessionnelle rurale, jumelée avec l’accomplissement de travaux rémunérations d’intérêt général.
Certains pourront être transformés, selon les besoins locaux, en « centre d’artisanat rural », et centres d’apprentissage agricole.
Ainsi, l’effort de formation à l’âge postscolaire, prévu par les plans de masse, des villes et des campagnes, permettra :
En conclusion :
Les différents organismes de promotion sociale et professionnelle existants ou à créer dépendent actuellement de trois directions différentes et de divers organismes privés :
De ce fait, il apparait nécessaire de créer un « service central de la jeunesse »,
Ce service devrait disposer d’un budget particulier, destiné à l’entretien et au développement des centres de formation momentanément soutenus par les cabinets civil et militaire, avant de pouvoir être confiés, dès le retour de la sécurité, et lorsque le plan de scolarisation et d’équipement aura porté ses fruits, aux directions dont ils devraient normalement dépendre.
Faute de la création de ce service de la jeunesse et de l’attribution d’un tel budget, ces projets, dus à l’initiative du ministère de l’Algérie ou de la délégation générale, seraient voués à disparaitre. De plus, sans cet organisme coordinateur, le problème de la jeunesse risquerait de ne pas être résolu, même à la fin du programme actuel de scolarisation et du plan d’équipement, faute d’une adaptation suffisante des plans de promotion sociale avec les perspectives d’emploi.